Je ne sais pas tutoyer, autrement dit : #ivegotissues

Je sors un peu des billets lectures et je me fais une petite introspection. L’avantage des blogs c’est la liberté d’écriture qui nous est offerte et je me suis dit que je pouvais aussi vous parler de mon « problème », car je m’aperçois qu’il prend des proportions que je n’imaginais pas, et me poursuit jour après jour.

J’en ai parlé récemment à une personne, qui peut-être se reconnaîtra si elle passe par là, car elle m’avait demandé de la tutoyer, ce à quoi j’avais répondu que j’étais d’accord mais que c’était compliqué pour moi de tutoyer. Comme nous n’échangeons que par écrit pour l’instant, ce n’est pas automatique ni instinctif (loin s’en faut) mais j’y arrive.

Le vrai problème c’est de tutoyer quelqu’un dans une conversation et en particulier des personnes plus âgées que moi et quand je dis « plus âgées » 5 ans de plus suffisent ; et même quand les gens ont mon âge ou sont dans ma tranche d’âge, le vouvoiement se déclenche comme un mécanisme bien huilé, bien plus fort que tous les efforts que je pourrais tenter. Le fait même de devoir « faire un effort » pour tutoyer quelqu’un est en soi problématique.

Le vouvoiement est perçu de 2 manières différentes selon les gens et leur éducation (et quand je dis éducation ce n’est pas du tout péjoratif ça fait plutôt référence à un mode de vie) :

  • Pour moi : le vouvoiement est une marque de profond respect, sincèrement. A d’autres moments, ça va être pour marquer une distance car je ne connais pas la personne.

Exemple (et mon mari a été traumatisé à vie je crois) :  nous étions dans une rue commerçante d’une grande ville ( à l’époque nous étions tous deux étudiants) et une personne nous interpelle pour nous proposer de faire un don ou pour adhérer à je ne sais quoi. Le jeune homme avait notre âge voire moins. Il nous fait la présentation pour laquelle on l’a employé et briefé, il nous voit réticents et dit : « on peut se tutoyer ? » . Ma réponse n’a pas tardé : « Non !! » Comme si le simple fait de dire « tutoyer » déclenchait tout ou bloquait tout en moi. Comme quand vous êtes sous hypnose et qu’on vous conditionne : « à 3 vous vous réveillerez« .

On se tutoie ?

Voilà ça se résume à ça.

  • Autre situation : les gens que je côtoie ou que je rencontre souvent, qui me font même la bise pour me dire bonjour pour certains (!) plus jeunes ou plus âgés que moi, qui m’ont demandé de les tutoyer et qui eux me tutoient : et bien non toujours pas. Je n’y arrive pas. J’essaie et j’échoue. C’est lamentable, mon cauchemar c’est le « ça va? » qui vient après le bonjour : à quoi, quand on est poli on répond : « oui et toi? » ou « oui et vous? » . Avec moi et mes tentatives désespérées ça se transforme en « oui et twvous? » #honte et désarroi :

J’essaie donc au maximum de faire des phrases ou je ne suis ni obligée de vouvoyer ni de tutoyer et c’est une sacrée gymnastique.

Aujourd’hui encore, j’y ai eu droit, j’ai vu quelqu’un que je connais (un collègue de mon mari), je le vois souvent et il y eu LA phrase : « tiens salut, tu vas bien ? » P****! Alors dans ma petite tête, je me suis motivée : « Allez Lucie tu peux y arriver, c’est juste trois mots oui.et.toi, trois petits mots, juste trois mots, aller tu peux le dire, ça va sortir tout naturellement de ta bouche » : OUI et vous ? *Et m**** !! et pourtant je vous assure que je voulais vraiment le tutoyer, je m’en sentais presque capable et  ça n’a pas suivi.

  • Et pour le reste du monde : je suis distante, froide et un brin asociale. Genre elle, elle est trop bien pour tutoyer, ou trop coincée pour parler comme tout le monde. Alors que c’est faux, ce n’est pas l’impression que je veux donner, et s’ils savaient la torture mentale que je m’inflige pour essayer de sortir un « tu » qui reste coincé dans mes doigts de pied.

Pourtant, fondamentalement, je suis quand même une fille sympa, je dis vous aux gens que je connais : non pas pour les froisser, non pas pour les snober mais tout simplement parce que je n’arrive pas à faire autrement, je suis momentanément privée de « tu ». Je me rends compte que vouvoyer des gens que l’on voit souvent met une sorte de barrière entre eux et moi, comme si un monde nous séparait. Il n’y a pourtant aucune distinction entre eux et moi, nous sommes des êtres humains normaux et égaux, je ne me considère au-dessus de personne : je n’arrive pas à pousser la barrière derrière laquelle je suis bloquée…

Je ne sais même pas si je parviendrais à tutoyer Ryan Gosling, le parrain (auto-proclamé par moi) du blog, même si en anglais c’est « You » pour les deux, plus simple quand même :

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Ah si, en fait, je pense que j’arriverais à lui dire : « Tu vas bien Ryan? »

A part ça, je vais bien 😀

Si certains et certaines d’entre vous se reconnaissent là-dedans, n’hésitez pas à agiter les bras ! 😉

Votre DL

Lucie

12 réflexions sur “Je ne sais pas tutoyer, autrement dit : #ivegotissues

      • Oups, j’ai inversé les termes ! (ça m’apprendra à écrire en discutant ^^’)
        J’avais du mal à tutoyer.
        Je sais que certaines personnes tutoient systématiquement sur leur blog ; j’ai trouvé une alternative : je vouvoie dans l’article en m’adressant à tout le monde, et en commentaire je réponds en fonction de ce qu’a écrit la personne en face =) Je tâche de faire pareil dans la vie de tous les jours, même si ce n’est pas toujours simple.

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  1. Haha ! Moi c’est le contraire : depuis que je me considère comme une adulte, je prends assez mal le fait qu’on me tutoie par réflexe, comme pour parler à un jeune, alors j’ai tendance à tutoyer en retour juste pour montrer qu’on est sur un pied d’égalité (ce qui peut être pris pour de l’impolitesse, du coup j’essaie de faire gaffe). Ca ne s’applique par contre pas à mes supérieurs hiérarchiques, heureusement !
    Mais c’est vrai que j’ai beaucoup de peine à passer au tutoiement avec quelqu’un que j’ai longtemps vouvoyé. Au final, on ferait mieux de tous parler anglais, non ?

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    • Oui exactement. Je tutoie mes collègues de travail même si certaines ont l’âge de ma mère et ça m’a pris plus de temps. Je vouvoie mes supérieurs aussi. Je suis beaucoup plus à l’aise quand on me vouvoie parce que je n’ai pas réfléchir je sais que je peux dire vous 🙂

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  2. Je suis un peu comme toi, généralement on me tutoie directement car j’ai 19 ans et en plus je pense que je fais plus jeune car je suis plutôt petite donc je suis toujours là à me dire : je vouvoie ou je tutoie en retour ? Au point que ça devient une obsession et je ne peux plus parler, j’ai peur de paraître impolie ou au contraire un peu coincée… Du coup je suis super timide et je ne sais pas m’adresser aux gens c’est une horreur 😦

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    • Je comprends tout à fait. J’ai toujours paru moins que mon âge d’où je pense la facilité des gens à me tutoyer. Je suis une ancienne timide aussi, le monde du travail m’a changée et j’ai depuis laissé ma timidité au placard, car on ne te fait pas de cadeau. A 19 ans on est encore impressionnée et contrainte par le regard des autres, du moins je l’étais, et je pense que vers 25 ans (ça a été le cas pour moi) on s’émancipe de tout ça, on se dit : « et puis crotte, je fais ce que je veux après tout ! » Courage ! 😉

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  3. Cet article est original et très sympa 🙂 Je me reconnais dans certaines situations, genre le mélange des deux « Twous » et je suis aussi hyper douée pour passer du coq à l’âne dans la conversion : genre je commence par vouvoyer, puis je tutoie, et hop, je revouvoie -_-‘
    Kin

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    • c’est gentil !!! c’est vrai que c’est pas facile au quotidien tutoyer ? vouvoyer ? Je connais des personnes qui tutoient tout le monde systématiquement mais vraiment tout le monde, le médecin, le passant au coin de la rue, tout le monde, et du coup elles te préviennent quand tu les rencontres : « t’inquiètes pas, nous on tutoie tout le monde » Moi c’est pareil mais avec le vouvoiement : « ne vous inquiétez pas, je n’ai rien contre vous mais je vais vous vouvoyer » 🙂

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  4. A 51 ans, je suis dans la situation inverse. J’utilise le tutoiement comme on dit bonjour et au revoir. Je l’utilise même plus facilement que lorsque j’étais jeune. J’ai travaillé en grande surface et la politique était de tutoier même les supérieurs. Je suppose que cela m’est resté.

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  5. Pingback: Des blogs sympas (partie 5) – Le blog d'une rousse péteuse

  6. Pingback: Et toi tu lis quoi ?

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